Musique née au XVIième siècle des échanges commerciaux et culturels alors initiés par Mansour Dahbi entre Tombouctou, proche de Zagora d'où est originaire Abdelmajid Bekkas,et Marrakech à l'époque de la conquête du Soudan.
séculaire dont la voix ensorcelante d'Abdelmajid Bekkas et les timbres envoûtants que celi-ci tire tant de son guembri que de sa guitare soulignent le caractère mystique qui fait d'elle, à Essaouira comme à Marrakech, une "guérisseuse d'âme".
En filigrane, l'Afrique, fascinante, et le blues dont la musique gnaoua renvoie, de par sa pureté préservée à ce qu'il y a de plus authentique. En se revendiquant de l'Afrique, la Mère du blues, sa progéniture et du funk, son dérivé, le propos d'Abdelmajid Bekkas inscrit la musique gnaoua dans sa dimension première.
En ouvrant le spectre, non sans négliger quelques accents apparentés à la musique Occidentale actuelle, le musicien Abdelmajid Bekkas accède à une universalité "nourrie" de la diversité qu'il a à ce jour traversés. Parmi ces derniers : le jazz, aux côtés de certains des musiciens les plus audacieux en la matière comme Peter Brötzmann, Sophia Domancich,Louis Sclavis ainsi que Ramon Lopez, Paul Rogers et Paul Dunmall dont il est le partenaire au sein du Sala Quartet ; les musiques du monde avec le "Diwan" (Camel Zekri) et "Ya salam" (Sara Alexander).
Chez Abdelmajid Bekkas, une ouverture et une aptitude à conjuguer avec un rare talent mémoire et modernité qui, ignorant le compromis, affranchit sa musique du temps. Une mémoire, celle née, sur fond de douleur et de sagesse mêlées, du chant jadis émis par les esclaves venus d'Afrique ; une modernité, celle dont font preuve avec autant de justesse que de discrétion le flûtiste Rachid Zeroual, les guitaristes Marc Lelangue et Paolo Radoni et le percussionniste Khalid Kouhen. Un mariage ou dialogue dont la parfaite harmonie suffit déjà à en rendre le fruit essentiel. Comme une promesse.
Xavier Matthyssens
- Parution : 01/04/2002
- Référence : IGL-163
- Support : CD
- Label : Igloo