Anne Wolf Quatuor

Il y a mille façons d’accommoder les cordes « classiques » au jazz. La pianiste Anne Wolf le fait avec délicatesse et parcimonie, un peu comme lorsque l’on épice un plat traditionnel avec une herbe originale. L’apport du violoncelle de Sigrid Vandenbogaerde au trio piano-basse-batterie agit comme un exhausteur de goût. Dans un nouveau répertoire, Anne Wolf enrichit ce qu’elle avait entamé avec ses précédents albums, en y affirmant peut-être un peu plus encore le côté moderne du jazz. Bien entendu, la part belle est laissée aux mélodies (on ne jette pas les bonnes choses). La violoncelliste vient donc accompagner un piano tantôt nostalgique tantôt plus énergique. Mêlé à quelques parfums latins, le lyrisme côtoie le swing et Anne Wolf se révèle être une véritable cheffe évitant sucreries et mièvrerie. La musique ressemble à un chemin sur lequel on déambule et dont on s’émerveille des reflets changeants qui l’entoure. La complicité entre les quatre musiciens est évidente et permet à l’ensemble de prendre beaucoup de libertés et de s’éloigner ainsi de ce que l’on serait tenté d’appeler trop vite « jazz de chambre ». Soutenu par la basse électrique ondulante de Theo de Jong et le drumming ferme et élégant de Lionel Beuvens, Anne Wolf nous sert un plat joliment relevé et savoureux.

Dans le cadre du Jazz Tour