Pendant les quatre jours qu'aura duré cette session, les musiciens se sont attachés à n'enregistrer que des compositions originales. Le style varié et différent des compositions de Peer, Ewout et Martijn confère à cette production des couleurs et des humeurs habilement contrastées.
La dynamique créative de ces quatre musiciens, doublée de l'expérience du producteur-ingénieur du son Dré Pallemaerts a mené le groupe vers un son personnel et original. Ce son est le résultat de six années de travail en commun et d'une pratique assidue de leur musique sur scène. Si l'on ajoute à la qualité de cet enregistrement, une pochette élégante et stylée réalisée par Bert Hornikx, on a affaire à une production qui affiche clairement les ambitions professionnelles de JAZZISFACTION et cafécacao.
Critiques du CD
- Etienne Payen
Journal du Médecin
Issues est le premier enregistrement du quartet belge Jazzisfaction.
Une trompette, un piano, une contrebasse et un batteur. Quatuor parfait pour une musique élégante, tout en finesse et agréable à écouter.
Pas de précipitation, pas de lenteur non plus, un style coulé tout en saveur bien dans le style "on prend un café et se donne le temps de respirer".
Ewout Pierreux au piano distille son art de jouer du bout des doigts avec la délicatesse de celui qui sait attendre, et qui aime construire une atmosphère.
Le trompettiste Peer Baierlein enveloppe l'enregistrement d'un son bien rond et extrêmement précis, dessinant les différentes couleurs de l'album.
Le bassiste Martijn Vanbuel assume son rôle à la perfection et le batteur Yves Peeters introduit régulièrement les morceaux de douces percussions.
Toutes les compositions sont originales. Audacieux pari pour un quartet qui ose exprimer d'emblée sa personnalité sans tomber dans le piège des traditionnels standards. Pourtant, on est frappé très vite par la maîtrise et la sérénité de ces jeunes musiciens.
Les instruments s'enchaînent l'un derrière l'autre comme pour mieux laisser l'artiste prendre le temps de s'exprimer. Ce qui ne fait que renforcer cette impression de douceur de l'enregistrement
Issues de Jazzisfaction! Mieux qu'un premier album! Une carte de visite.
- Mwanji Ezana
Citizen Jazz
Jazzisfaction n'en est qu'à son premier album, mais a déjà sept ans d'existence au compteur. Les quatre jeunes musiciens se sont rencontrés au conservatoire de Lemmens en Belgique et commencent à faire parler d'eux, ensemble ou séparément. Le leader du groupe est le trompettiste allemand Peer Baierlein, qui a choisi de vivre en Belgique afin d'étudier avec Bert Joris. D'ailleurs, il raconte qu'après cinq ans d'études avec Joris, il lui a fallu passer du temps à New York et voir trompettiste après trompettiste émuler Freddie Hubbard en jouant plus vite, plus fort et plus haut, pour vraiment comprendre la valeur de l'enseignement de Joris.
Issues est l'album d'un collectif soudé, où les personnalités sont plus discrètes que la musique. Les solistes principaux, Baierlein et Ewout Pierreux, sont relativement peu prolixes : le trompettiste vise la mélodie et l'émotion justes, tandis que le pianiste préfère en esquisser les contours. Le premier, avec sa sonorité douce et son approche lyrique, rappelle son maître, autant qu'un Kenny Dorham ou Nils Petter Molvaer, tandis que le pianiste passe de l'acoustique à l'électrique pour varier les climats (d'ailleurs, son attaque au piano ressemble étrangement à celle d'un clavier vintage), entre Bill Evans et Herbie Hancock. Rythmes légers swing ou free se dissolvent aussi facilement qu'ils se consolident, mélodies accrocheuses mais souvent diffuses : cet album calme et contemplatif est comparable aux publications récentes de Tomasz Stanko.
Si l'impression générale est celle d'une mélancholie brumeuse et flottante, le premier morceau, avec le jeu de paumes d'Yves Peeters et un motif rythmique sautillant en guise de thème, rappelle que même sous
la pluie belge, il n'y a pas que des canards qui se pendent. D'ailleurs, sur « sunwalk », Jazzisfaction va chercher un peu de soleil et des rythmes syncopés brésiliens, puis se balade dans une arène de corrida
pour « yin and/or yang », un paso doble au rythme militaire et trompette transformée en clairon.
Les biens tristes « alone » et « wehmut » rappellent ces chansons que Molvaer avait nichées au fond de Solid Ether : déclamations au lyrisme chargé en émotion, bande-son d'un paysage désolé. Parfois, le groupe
décide de combiner joie et tristesse, comme dans la composition en deux parties de Pierreux : « voices » expose et répète un thème sombre,« of dune » emporte ce même thème vers une danse endiablée qui se dissipe en un rubato ruminatif au fur et à mesure des solos.
Le tout dernier morceau est dédoublé. Le « song for a lovely killer » de Martijn Vanbuel, dont l'harmonie et le jeu de Pierreux rappellent E.S.T., est remixé/dynamité par le batteur et accessoirement producteur/ingénieur du son/patron de label Dre Pallemaerts. Les accords
de piano mis en boucle se font fantômatiques, la contrebasse prend un son de synth bass et la rythmique devient un amalgame homme-machine
tonitruant. Ironiquement, seule les parties de trompette ne subissent pas de traitement électronique, pied-de-nez aux procédures habituelles.
Un premier disque réussi, donc, pour un groupe dont on est en droit d'attendre encore beaucoup de belles choses.
- Parution : 01/02/2004
- Référence : PH001
- Support : CD
- Label : Phlavour / Cafécacao