On s’imagine se balader dans la nature.
Le jour ? La nuit ? L’hiver ? L’été ?
Lentement, le piano égrène un motif répétitif. Doucement, la harpe murmure. Délicatement, les baguettes effleurent peaux et cymbales. Sobrement, l’archet caresse les cordes.
Puis, des notes tombent, comme des gouttes qui rebondissent sur un feuillage après la pluie. On lâche prise. On fait le vide. Le travail sur le son est étonnant (à écouter au casque). Ce n’est pas pour rien si Fnussjen est né lors de « La Semaine Du Son ». Le batteur Nicolas Chkifi (initiateur du projet et prof de yoga à ses heures), la violoniste Ananta Roosens, la harpiste Ann Eysermans et le pianiste Christian Mendoza réalisent un travail musical remarquable basé sur l’écoute, le partage et l’attente.
Fnussjen est un éloge à la lenteur. Un éloge à l’introspection. Un éloge à la respiration plus qu’aux silences. Le quatuor mélange avec énormément de subtilité la musique contemporaine aux accents asiatiques à un folk imaginaire et à l’improvisation. Aucun musicien n’a peur d’étirer le temps ni d’apaiser les fluctuations.
Fnussjen joue sur les sensations et la sensorialité, plus que sur les ambiances («Change in time» est d’ailleurs là pour redonner un bref influx nerveux et surprenant).
Chaque note nous donne autant envie d’en connaître la suivante et, en même temps, d’en retarder l’arrivée.
Fnussjen est une expérience musicale et sensorielle qui vous extrait du temps présent. Alors, choisissez bien votre moment pour écouter cette musique qui vous apprendra peut-être beaucoup sur vous-même.(JAZZQUES)
- Parution : 05/09/2020