Garrett List
© Christian Deblanc

Garrett List

Né à Phoenix (Arizona) Garrett LIST joue du trombone et chante depuis l'âge de sept ans. A dix-huit ans, lorsqu'il entre à l'Université;, il a déjà une vie professionnelle et pédagogique remplie, il joue autant de la musique classique que d'autres styles (jazz, pop, blues), tout en donnant des cours aux enfants. Il s'adonne aussi à la composition.

En 1965, il part pour New York pour y suivre des études strictement classiques à la célèbre Juilliard School of Music. Il y rencontre le compositeur italien Luciano BERIO et le chef d'orchestre Dennis RUSSELL DAVIES avec qui il forme le Juillard Ensemble. Grâce à cet ensemble, il rencontre aussi les compositeurs Henri POUSSEUR et Pierre BOULEZ et se met à jouer leurs musiques. Il entreprend plusieurs tournées en Europe et enregistre.

Après cette immersion totale dans la musique contemporaine et ces études intenses au conservatoire Juilliard, il ressent le besoin d'une autre vision de la création musicale. C'est l'époque du free jazz et New York est sous le choc de mai '68. Il découvre l'improvisation, pas seulement dans le cadre du jazz ou du blues, mais la considère comme une manière de vivre la création musicale de l'intérieur. Il rencontre alors John CAGE, Frederic RZEWSKI, LaMonte YOUNG, Rhys CHATHAM, Anthony BRAXTON, Steve LACY et devient membre du Musica Eletronica Viva, un des groupes les plus influents de la musique improvisée de l'époque. Les créations de Phillip GLASS et Steve REICH le touchent. Toutes les nouvelles tendances du minimalisme, du post-modernisme ou de l'art éclectique se retrouvent dans ses créations. Il participe à la fondation du Kitchen Center for Video and Music, le haut lieu de ce nouvel art, et en devient le directeur musical.
Il joue aussi intensément pour la Compagnie de Ballet de Merce CUNNINGHAM, avec John CAGE.
Durant cette période il enseigne au Creative Music Studio, une école qui se voue à la nouvelle musique. Là, il développera ses idées pour la pédagogie de la musique improvisée.

Il décide de créer son propre ensemble afin de poursuivre son chemin. En 1977, le A-1 Art Band est né. Plusieurs tournées aux Etats-Unis et en Europe s'ensuivent, ainsi que l'enregistrement de deux disques, "American Images" et "Fire and Ice", ainsi que la "Symphony N¡ A-I" et "The Black Star Pilgrimage" (pour orchestre symphonique et improvisateurs, créé au "Cabrillo Music Festival" en 1979). Sur ce dernier figure Ed FRIEDMAN comme librettiste (le parolier de Fly Hollywood, entre autres).

En 1981, à l'invitation de Henri POUSSEUR, il fonde la classe d'improvisation au Conservatoire Royal de Musique de Liège. Dès lors, il peut se consacrer à l'enseignement de l'improvisation d'une manière profonde et rigoureuse, tout en continuant son activité de concertiste.

Il compose le "Requiem for Helen Lopez", donne des concerts en Europe avec Steve LACY, Frederic RZEWSKI, Misha MENGELBERG, entre autres. Avec un groupe composé de ses étudiants, il crée la musique du spectacle "Metropolis" sur un film muet de Fritz LANG, et en solo, un spectacle sur les films muets de Man RAY.
Pour The Man Ray Cycle, il développe la technique du trombone électrique et le groupe des étudiants devient alors Le Collectif du Lion (d'après Le Lion S'Envoile, haut lieu de la musique créative a Liège).

En 1984, il crée avec quelques anciens élèves, The Real Live Orchestra, ensemble de tendance plutôt électronique avec lequel il perfectionne son trombone électrique.
En 1984-86, un spectacle sur le cinéma muet abstrait "Live Orchestra-Pure Cinema" (Fernand LEGER et Hans RICHTER) est présenté dans plusieurs festivals; "Orlacs Hand" l'est au Festival du Film Fantastique à Bruxelles. The Real Live Orchestra enregistre un disque, "In and Out".

En 1987, la composition assistée par ordinateur inaugure le monumental cycle "Music for Trees" (Musique pour les Arbres) qu'il commence par jouer seul assisté par un MIDI-orchestra fait de synthétiseurs. La composition est terminée en 1989 et il commence à chercher comment réaliser "Music for Trees" comme musique acoustique. En 1988, il est désigné comme directeur du "Central Intelligence Orchestra" à Berlin, un big band du jazz pour lequel il compose de nombreuses oeuvres. En 1989, le Collectif de Lion se métamorphose en La Grande Formation et enregistre un CD, "Anyone Lived In a Pretty How Town".

De 1992 à 1995, il collabore à plusieurs projets avec la Compagnie Tandem, Michèle NOIRET et Bud BLUMENTHAL, ce qui donne naissance à Fishtracks, Avna, et Tollund, des compositions pour la danse.

Il a également collaboré avec des plasticiens. Avec Paul GONZE, il compose "Les quatorze âges de la Lune" et "Douze rounds pour une année", deux oeuvres qui serviront de base pour la musique symphonique du même nom composéé par l'Orchestre Philharmonique de Liège en 1995.

Pendant plusieurs années, il anime des stages avec Michel BARZIN autour du la relation entre la musique et les arts plastiques. Avec Etienne WERY, il crée les spectacles "peinture et musique improvisée".

En 1994, il forme enfin le et enregistre deux CDs "The Unbearably Light" et "The Voyage" pour le label Carbon 7 à Bruxelles.
Avec cet ensemble, augmenté des chanteurs David LINX, Christine SCHALLER et Lucy GRAUMAN, il présente au Botanique sa cantate "Au Coeur du Monde", basée sur des textes de Blaise CENDRARS.

La Ville de Liège lui a demandé de composer une musique pour l'inauguration de la nouvelle fontaine sur la Place St. Lambert. Avec Ariane SOTIAUX comme chansonnière, il a composé "La Messagère de Légia".

En 1997, il a commencé une collaboration avec Jacques Delcuvellerie et le Groupov sur le thème du génocide Rwandais qui a abouti par le spectacle "Rwanda 94" pour lequel il a composé plus de 2 heures de musique.

En 1999, l'Orchestre National de Belgique a enregistré la musique symphonique de son cycle musical ‘Music for Trees'.

De 2000 à 2002, création puis tournée de ‘Rwanda 94' en Belgique, France, Canada, Allemagne, Italie, et Guadeloupe. Celle-ci est unanimement saluée par la critique et le public.

Le Garrett List Ensemble connaît un retour sur les scènes en 2001 : concerts au Salon Mativa (Liège), au festival " Sons d'Hiver " (Paris) et au festival " Jazz à Liège".

En 2002 création musicale live accompagnant les performances de Gwendoline Robin. Tentative de peupler un espace vide par des explosions et l'alternance de son et silence.

Accompagnement musical Garrett List – Fabian Fiorini pour le spectacle de Laurence Vielle "Ca y est, je vole".
Il a aussi formé un trio avec la chanteuse suisse Christine SCHALLER et le pianiste Pirly ZURSTRASSEN.

ainsi qu'un un duo avec le pianiste Kris DEFOORT.

Suite de la collaboration avec le Groupov pour le spectacle "Anathème", deuxième volet de la trilogie inaugurée par "Rwanda 94".

Le projet "Au Cœur du monde", cantate sur des textes de Blaise Cendrars, né il y a plus de vingt ans, voit le jour en 2003. Elle a été jouée à Liège et Angoulême.

Nouvelle collaboration avec « Le Miroir Vagabond » pour la Grande Parade des Lanternes 2004.

Aboutissement des travaux commencés en 2002 pour la cantate "Etat de Siège" basée sur un texte du poète palestinien Mahmoud Darwich. Création en 2005 lors du Festival de Liège, au Grand Théâtre de Mons et à la Semaine de Musique Contemporaine de Gand.

Lancé en 2006, « The Riffing Society » est un projet musical où Garrett List accompagné de 4 anciens élèves improvisent librement et développent une approche instinctive du rythme. Cela s'inspire d'une pratique musicale afro-américaine des années 20-30 (le « riff », à savoir la répétition d'une phrase musicale) pour servir de base à l'improvisation.

En 2007, Garrett List demande au chorégraphe Bud Blumenthal de créer une équipe de danseurs pour se joindre à son projet et créer le spectacle « Into the Riff », étonnant mélange de musique et danse improvisées. Exercice sans filet, ce spectacle repose sur la confiance et l'écoute des artistes les uns envers les autres et offre ainsi, symboliquement, une réflexion optimiste sur les rapports entre les êtres. Créé au Festival de danse de la Balsamine en 2007, il sera ensuite programmé au Théâtre Marni (2008), à Wolubilis, au Festival de Liège et au Théâtre de Namur (2009).

En 2009, Garrett List lance son nouveau projet solo : « DJ Gary's Beatnik Karaoke ». Un projet un peu fou et complètement unique à l'image du personnage, où musique électronique se mêle au jazz improvisé de l'artiste, et à sa voix authentique et vulnérable. Ce nouveau concept à la fois poétique et intrigant est offert pour la première fois à la Salle des Fêtes de Droixhe le 5 décembre 2009 dans le cadre du festival Another America. Son désir de travailler avec la nouvelle génération l'amènera ensuite à propose ce spectacle accompagné par son jeune ami pianiste Johan Dupont ou d'un sextuor (en plus du piano : violon, violon alto, hautbois et violoncelle.)

Fort de son expérience de pédagogue au Conservatoire Royal de Musique de Liège où il créa et dirigea la classe d'improvisation (1981-2008), et convaincu que la formation professionnelle est un atout supplémentaire pour favoriser la mise à l'emploi de jeunes artistes, Garrett List lance en 2009 la première Master Class. Il s'agit d'un atelier pour chanteurs et instrumentistes comprenant une quinzaine de journées de travail sur une période de 5 mois et ponctué par 2 concerts (à Bruxelles et à Liège). L'aventure est réitérée chaque année depuis au vu du succès remporté.

L'idée de la création d'une nouvelle musique populaire, d'une nouvelle avant-garde en réaction aux problèmes de notre époque (un art pollué par une vision artistique le plus souvent mercantile, la destruction lente mais inévitable de notre planète,…), d'une musique construite sur d'autres fondations, qui éveillerait la conscience et stimulerait l'imaginaire de tous, va se matérialiser en 2010 avec la création de l'Orchestre Européen ViVo ! Au terme de deux vagues successives d'auditions (de janvier à mai 2010) dans les trois grandes villes de l'Eurégio - Aachen, Liège et Maastricht - l'Orchestre Européen ViVo ! 8 rassemble aujourd'hui 47 musiciens et compositeurs de grand talent, qui ont pour la plupart entre 25 et 40 ans. C'est un orchestre à géométrie variable, capable de jouer à la fois un répertoire varié (classique, contemporain, jazz, folklore, etc.) mais également désireux d'explorer sous la houlette de son directeur artistique et fondateur le patrimoine commun qui unit à la fois un Aixois, un Liégeois, un Maastrichtois et un Limbourgeois. C'est un projet d'envergure dont List a toujours rêvé, et qui devient enfin réalité.

Ce grand ensemble a pris ensuite le nom d' Orchestra Vivo ! et a donné de nombreux concerts.

A lire, un livre de Bernard Legros, "Garrett List : La musique et l'avenir". Voir ICI.